15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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Les documents originaux devront avoir une place prépondérante tout au long du parcours : le choix que
l'on en fera sera guidé par le souci de mettre en évidence leur diversité (voir plus haut), leur charge
émotionnelle, leur beauté formelle, leur prestige tout autant que leur valeur d'humble témoignage préservé.
Le musée de l'histoire de France ayant pour vocation de présenter au public l'ensemble des richesses
archivistiques dont la direction des Archives de France a la charge, il est à souhaiter que les pièces présentées
soient extraites non seulement des fonds du Centre historique des Archives nationales, mais aussi de ceux
des autres centres nationaux (Centre des Archives du monde du travail, Centre des Archives d'outre-mer,
Centre des Archives contemporaines), des services départementaux et communaux. Au-delà de la question
de la tutelle administrative, le projet scientifique même rend nécessaire le recours à toute la diversité des
ressources disponibles : la présentation d'une histoire nationale ne peut se faire que par la prise en compte des
spécificités locales. La présentation semi-permanente alternée (voir ci-dessous), par ses roulements, permettra de
mettre en valeur la variété de ces documents : on peut ainsi imaginer qu'à chaque renouvellement, un nouveau
service départemental ou communal serait invité à présenter une sélection de pièces extraites de ses fonds,
s'inscrivant dans les articulations du parcours.
LES AUTRES FONDS
A côté des pièces d'archives à proprement parler, on prendra garde à présenter une palette aussi étendue
que possible de documents entendus au sens large : tableaux, objets historiques, sculptures, affiches,
enregistrements audio, films, etc. qui devront faire l'objet de contrats de dépôt à négocier au cas par cas,
notamment avec la direction des musées de France. Cette diversité, fondamentale pour que le visiteur ne se lasse
pas
, servirait aussi à illustrer les thèmes retenus. Pour comprendre les mythes et les fluctuations de leur
popularité, il serait intéressant de montrer comment à partir d'un récit contemporain, un artiste, quelques années
ou quelques siècles après, a réinterprété l'événement ou le personnage.
3.4.2. Conservation
Les documents d'archives constitueront néanmoins la majorité des pièces présentées. Le problème de
leur conservation est à examiner d'emblée, bien avant les choix techniques de présentation, parce qu'il peut
influer sur le parti pris muséographique. Il paraît impossible d'éviter la présentation, notamment dans la première
section du parcours « temps et territoires », des grands documents symboliques de l'histoire de France que le
public attend et dont l'absence serait ressentie comme un manque (Édit de Nantes, Serment du Jeu de Paume,
etc. ; il serait d'ailleurs intéressant de signaler au passage que ces documents symboliques ne sont pas
nécessairement ceux qui ont le plus à nous apprendre sur notre histoire ou qui sont visuellement les plus
impressionnants). On ne pourra échapper, de façon sporadique, à l'utilisation de reproductions, totales ou
partielles (intégrées dans la chronologie audio-visuelle, par exemple) ou de fac-similés.
Néanmoins, dans tous les cas où cela sera possible, on privilégiera l'exposition d'originaux pour des
raisons tant d'authenticité que de plaisir. Les progrès accomplis en matière de contrôle de la luminosité, de
l'hygrométrie et de la température permettent d'envisager des expositions se prolongeant au-delà du délai
systématiquement appliqué de trois mois. L'exemple des papillons de la grande galerie de l'évolution au
Muséum d'histoire naturelle est à ce titre riche d'enseignements : après plusieurs années d'exposition sous fibre
optique, leur état de conservation reste très satisfaisant et on n'envisage pas encore leur remplacement.
3.4.3. Présentation semi-permanente alternée
On doit développer ici un concept muséographique ad hoc, la présentation semi-permanente
alternée. Nous voulons désigner par là une exposition dont les cadres sont invariants (nombre de salles,
chronologie, principes de présentation) mais dont les items évoluent. On pourrait concevoir ce dispositif semi-
permanent comme une maturation des expositions dossiers. L'ouverture régulière des nouvelles unités ferait du
musée de l'histoire de France le chantier permanent d'une histoire évolutive. Pendant les deux semaines de
montage de chaque nouvelle présentation, le public, guidé sur un côté de la salle, pourrait voir au passage la mise
en place en train de s'effectuer. Des conférences en rapport avec le sujet traité seraient prévues pendant les mois
d'ouverture de chaque unité au public.
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Le musée de l'histoire allemande à Berlin est exemplaire à cet égard.