15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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L'héritage judéo-chrétien : la France fille aînée de l'église, chrétienne, puis catholique (voeu de Louis
XIII), les rapports avec les différentes confessions qui coexistent sur son sol,...
Nous donnons ci-dessous une liste, bien évidemment non limitative et purement indicative, des
documents qui pourraient être présentés dans cette partie :
La France des Lumières : tolérance religieuse, liberté de pensée et d'expression, droits de l'Homme.
Un état de droit : les constitutions, la représentation nationale, la loi, le code civil
Un état laïque et démocratique : la République une et indivisible, la démocratie.
Une mémoire commune : la « doulce France », la Marianne, le coq gaulois, la monnaie (de l'effigie
royale à l'Euro), le drapeau tricolore, la Marseillaise, « l'histoire de France » ,...
Un art de vivre : poésie, architecture, musique, peinture, mode, cuisine,...
Le Français vu par les étrangers ou par lui-même ; la caricature du Français (mangeur de
grenouilles, portant le béret basque, avec un camembert, un litre de vin et une baguette de pain) ou la
valorisation de la France (« Patrie des droits de l'Homme », par exemple).
3.3.2. Deuxième section : mémoires
Une mémoire nationale
La cristallisation de la conscience historique nationale autour d'événements ou de personnages
emblématiques est en grande partie déterminée par la façon dont les producteurs d'histoire relatent les
événements passés. La narration historique, qu'elle soit le fait d'historiens professionnels, de romanciers, de
conteurs crée ainsi une mémoire collective, avec ses héros et ses évènements positifs, négatifs ou ambivalents,
qui éclairent autant le présent que le passé.
On peut ainsi être amené à parler d'une mythologie nationale
, expression qui désigne un ensemble
volontairement vague de personnages ou d'événements promus à ce statut par l'attachement populaire ou
l'intérêt non démenti des historiens. Loin de nous la pensée de réduire ces personnages ou ces événements à des
fantômes ou des fantoches qu'une analyse plus sérieuse (celle que nous prétendrions alors mener) dissiperait.
Il y a dans le mythe, ou si l'on veut, le héros, une valeur éminemment fondatrice : chacun sait que le
mythe comporte un noyau objectif autour duquel la mémoire vient s'agglomérer. Le héros n'est pas un
personnage de fiction, il est cet être humain dont les contemporains et la postérité s'approprient le destin en y
projetant leurs propres espoirs et leurs craintes.
Il n'y a pas de peuple sans mythes, sur lesquels fonder un culte, un état ou une histoire. Convaincus du
caractère historique et pédagogique du mythe, de sa valeur exemplaire et de sa capacité de fédération
symbolique, il nous est apparu nécessaire de présenter l'histoire de France comme une pépinière ou un
laboratoire de mythes. Il ne s'agit pas, en le disant créateur (ou destructeur) de mythes historiques, de jeter le
discrédit sur l'activité scientifique de l'historien, mais au contraire de rendre hommage à sa capacité de donner,
au présent, sens au passé.
Mythes que les personnages, les batailles, les classes sociales promues à un rang de protagonistes,
mythes les mouvements économiques perçus comme vivant de leur vie propre, mythes les idées ou les pratiques
conçues comme des entités transgénérationnelles. Mythes peut-être, les faits qui n'existent pas dans un état de
nature, mais résultent toujours, ainsi que le dirait la phénoménologie, d'une élaboration à partir du découpage
arbitraire dans le flux causal continu. Mais mythes nécessaires, constructeurs, permettant de déchiffrer une
réalité obscure. Mythes dont certains valent plus que d'autres, en ce sens qu'ils permettent de donner forme au
magma bouillonnant du vécu, parce qu'élus selon un processus méthodologique lui-même conditionné par un
substrat idéologique. La cristallisation des mythes par le travail de l'historien répond au besoin fondamental de
sens, c'est-à-dire de tri et de hiérarchisation, qui habite l'homme.
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Selon la définition du Petit Robert, édition de 1990, page 1251 : un mythe est, par extension, « la représentation de faits ou
de personnages réels déformés ou amplifiés par l'imagination collective, la tradition. »