15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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externe, au Ministère, à la DRAC Ile-de-France, etc. Ce programme a permis d'améliorer la visibilité du Musée
en mettant en valeur la diversité de ses offres dans le paysage culturel parisien.
Une enquête a été réalisée auprès des visiteurs du Musée et des lecteurs du CARAN, afin de mieux
connaître ces publics et de cerner leurs attentes quant à la nécessité d'un nouveau musée de l'histoire de France.
Le Musée est mal connu : réalisée en période estivale, l'enquête montre un nombre important de
visiteurs étrangers, mais une très faible représentation des provinciaux (17%). Le report de fréquentation se fait
mal entre le CARAN et le Musée puisqu'une majorité d'usagers des salles de lecture n'y sont jamais venus. 43%
des personnes interrogées à l'entrée du Musée ont déclaré l'avoir connu par un guide touristique, 23% sont
entrées par hasard. On voit que la visibilité du Musée, en particulier pour les expositions temporaires pourrait
encore être améliorée.
Le public qui fréquente actuellement le musée de l'histoire de France est essentiellement composé de
spécialistes : très diplômés (plus de 25% préparent ou possèdent déjà un diplôme de troisième cycle), la plupart
des visiteurs ont une formation en histoire ou en histoire de l'art. Le Musée ne joue donc pas le rôle d'initiateur
qu'on pourrait attendre de lui dans ce domaine. Il est vrai - et l'enquête le montre également - que les expositions
temporaires présentées par le Musée ne motivent généralement pas leur visite (66% du public vient pour les
appartements de l'hôtel de Soubise et certains se montrent même étonnés d'apprendre que ce lieu prestigieux
abrite également un musée ou qu'il a un rapport avec les Archives nationales...). Leur profil social révèle une
frappante sous-représentation des secteurs primaires et secondaires : le Musée est fréquenté surtout par des
cadres. Ceci plaide bien entendu en faveur d'un Musée accessible à de plus larges catégories sociales : l'histoire
est un héritage à la fois personnel et national dont chacun est en même temps le dépositaire et l'acteur. Bien plus
encore que les musées d'art qui depuis une décennie ont su attirer un public élargi, un musée d'histoire a
vocation à s'adresser à tous dans une perspective citoyenne. 71% des personnes interrogées jugent d'ailleurs
nécessaire la création d'un nouveau Musée.
Quant aux attentes des personnes interrogées vis-à-vis de ce nouveau Musée, on notera qu'une
présentation chronologique classique recueille les faveurs du plus grand nombre, mais un parcours thématique ou
présentant les archives et le travail de l'historien suscite un net intérêt. De la même manière, si l'histoire
politique et dynastique remporte 77% des suffrages, l'histoire de la vie quotidienne et des mentalités arrive
juste après, indiquant l'influence de l'évolution récente de la discipline historique.
3.2.
Le fil conducteur :
Le présent travail vise au développement d'un argumentaire théorique affirmé qui seul pourra donner
une cohérence à notre projet. Cette position théorique doit permettre un accord entre les acteurs du futur Musée
(équipe actuelle, Comité Scientifique, autorités de tutelle) sur une question fondamentale : que voulons-nous
montrer ? Elle doit guider la réalisation du projet à toutes ses étapes, quitte à être modifiée si les contraintes de sa
mise en oeuvre l'exigent. Cela ne signifie pas que toutes les intentions seront nécessairement perçues par tous les
publics, mais nous estimons que ce musée, pour parvenir à exister parmi une offre muséale aussi abondante que
variée, doit affirmer de hautes ambitions : architecturales, muséographiques, mais aussi conceptuelles.
Il paraît difficile et peu souhaitable de «raconter» au public l'histoire de France au sens traditionnel et ce
pour plusieurs raisons :
1)
l'ampleur du sujet : l'Historial de Péronne n'aborde que quatre années de l'histoire
de France (1914-1918) sur 2000 m
2
dévolus à l'exposition permanente et 250 m
2
consacrés aux expositions temporaires.
2)
le fait que le domaine est déjà couvert partiellement par tranches chronologiques
(Péronne, Caen, Vizille, Lyon), géographiques (musées d'histoire locale), voire
biographiques.
3)
l'arbitraire qui présiderait au choix des personnages, des événements, des périodes
à illustrer et de leur importance respective dans l'équilibre général du scénario, qui
prêterait immanquablement à débat et à polémique.