15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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Si l'histoire, en tant que somme de tous les événements passés, existe par elle-même, il n'y a pas
d'Histoire (discipline) sans historiens. Le métier d'historien se définit moins par une méthodologie et un
ensemble de pratiques (qui peuvent varier du tout au tout suivant le contexte culturel de la société) que par la
proposition d'un discours écrit se prétendant véridique sur le passé. Emmanuel Lévinas écrit : « l'historiographie
raconte la façon dont les survivants s'approprient les oeuvres des volontés mortes » (Totalité et infini, 1971).
Cette oeuvre d'appropriation sans cesse recommencée est menée par les historiens, mais aussi par tout un chacun,
qu'il s'agisse de mémoire personnelle ou nationale. Seront donc convoqués dans cette section, non seulement des
historiens professionnels français ou étrangers, mais également :
-des écrivains (il serait intéressant de présenter ponctuellement l'histoire de France selon Proust, Balzac
ou Saint-Simon)
-des témoins (l'histoire de France selon tel livre de raison, telles mémoires)
-de simples contemporains (on pourrait inviter une personnalité étrangère au monde de l'histoire, homme
politique, comédien, acteur de l'histoire - Daniel Cohn-Bendit, Lucie Aubrac... - à présenter sa vision de
l'histoire de France ou d'une partie de celle-ci).
A travers l'oeuvre et la personnalité de quelques historiens emblématiques (par exemple : Grégoire
de Tours, Mabillon, Voltaire, Michelet, Bloch, Braudel, etc.) pourraient être mise en lumière leur conception de
l'histoire et, au delà, celle de leur société. Il conviendra de faire apparaître, outre les données biographiques, les
oeuvres, les méthodes et les sources auxquelles ils ont eu recours.
Ainsi, pour les historiens de la Renaissance, le recours à des éléments qui nous apparaissent
comme mythiques n'est pas exclu. L'idée selon laquelle la nation française, à l'instar de Rome, tire son origine
des Troyens est à envisager dans son contexte, avec le même sérieux que nous mettons à interpréter les peintures
rupestres. De plus, à l'époque, l'histoire ne répond pas aux mêmes besoins qu'aujourd'hui ; il s'agit moins de
mettre au jour une vérité passée que d'asseoir une légitimité présente.
L'histoire du musée des Archives illustrerait aussi cette évolution générale des discours
historiques. A sa création en 1867, il est marqué par les conceptions de l'histoire positiviste, mais aussi par un
souci patriotique : consolider et glorifier l'identité nationale face à l'Allemagne de Bismarck. Ce musée s'est peu
à peu ouvert aux nouveaux champs historiques défrichés par la recherche. Ainsi la réalisation d'un projet tel que
celui que nous appelons de nos voeux est-il rendu possible, voire même nécessaire, par la nouvelle vision de
l'histoire qui est celle de notre époque.
Les sources et leurs outils d'interprétation
Le discours historique, qui consiste selon Antoine Prost à dire « du » vrai sur « un » réel, et non à
dire « le » vrai sur « le » réel est étroitement lié à sa source principale, les archives. Des archives au récit
historique, il s'agit d'une ré-élaboration de l'écrit en écrit.
LES ARCHIVES
Il convient de donner la définition la plus concrète possible des archives, en les distinguant des
sources narratives avec lesquelles elles sont souvent assimilées, d'où la confusion entre la Bibliothèque
nationale de France et les Archives nationales.
Il s'agit de faire comprendre au public comment des documents, qu'ils aient été créés par et pour
l'administration ou une personne privée, trouvent un second usage, non prémédité, sous le regard des chercheurs.
De la variété des documents d'archives témoignerait la présentation d'une typologie concrète et
intellectuelle reflétant la richesse des sources d'archives, complétée par une initiation à l'archivistique, à la
paléographie et à la diplomatique.
La diversité des supports
Pourraient être présentés (liste non limitative) : Tablette mésopotamienne en argile avec inscriptions
cunéiformes, ostraka antiques, papyri, tablettes de cire, parchemin (montrant en particulier les défauts du support