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International Congress on Archives 2004 - pres 130 JAMES SARAZIN AFRACHAN 02 (Page 16)

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International Congress on Archives 2004 - pres 130 JAMES SARAZIN AFRACHAN 02
15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
www.wien2004.ica.org
15
Ce constat ne doit pas déboucher sur un scepticisme de mauvais aloi ou un relativisme généralisé.

Il ne s'agit pas de dire que le discours historique au sens large (celui qui est tenu par les professionnels
ou celui que se tient à lui-même un peuple) est un tissu d'erreurs faisant écran devant une vérité inconnaissable.
La contrainte massive que s'impose l'Histoire, c'est d'émettre un discours tel qu'il soit compatible avec une
certaine lecture de toutes les sources existantes, tant celles qui ont été utilisées par l'auteur que celles,
nécessairement plus nombreuses, auxquelles il n'a pas eu recours. Contrainte extérieure, imposée par toutes les
traces laissées par le passé, et si exigeante qu'il est impossible de produire un texte y satisfaisant une fois pour
toutes : d'où la réécriture constante de l'histoire au vu de nouvelles sources qu'il faut prendre en compte.
D'autant que, les règles du jeu changeant, une nouvelle façon de lire ces sources se fait jour (histoire
événementielle, nouvelle histoire, histoire des mentalités, micro-histoire, etc.) et tout est à reprendre.

Il ne s'agit pas de dire « la vérité historique », mais de dire vrai, dans le cadre conceptuel et matériel
qui est le sien, par héritage et par choix. Sans plus débattre sur l'essence de la vérité (concept peu intéressant
dont de grands peuples historiographes comme les Chinois se sont peu occupés), l'Histoire peut assumer une
position réaliste et donner un récit cohérent en s'imposant une rigueur qui justifie son appellation de science.
Même les physiciens, depuis la révolution quantique, admettent que leur science n'accède pas à la vérité de la
nature, n'explique pas les faits : elle les « sauve », selon leur expression (cf. Pierre Duhem et les épistémologues
néo-positivistes tels Karl Popper), c'est-à-dire qu'elle en rend compte dans un ensemble rendu cohérent par la
théorie, en fournit une modélisation mathématique, et, dans certains cas, permet de les prédire et donc d'agir sur
eux.

L'histoire « sauve les faits » du passé, dans l'espoir de rendre plus compréhensibles ceux du présent.
Est alors abandonnée une certaine vision pathétique de l'histoire comme réceptacle où se déposerait la vérité.
Celle-ci ne pouvant être garantie, comme le fait observer Descartes, que par un être transcendant, l'abandon de la
référence divine doit s'accompagner de l'abandon de la référence à la vérité absolue, ni l'un ni l'autre n'étant
indispensables à une stricte hiérarchisation des valeurs ni à la croyance au progrès. Proposer au visiteur une
salutaire prise de distance par rapport à la « vérité historique », l'amener à porter un regard critique sur les
discours historiques qui lui sont offerts, c'est l'inviter à adopter pour un moment la démarche même de
l'historien professionnel.

Il ne s'agit pas non plus de prétendre que tous ces discours se valent, mais simplement qu'ils doivent
être jugés suivant leurs buts, leurs normes et leur époque. Ainsi, la présentation faite par le futur musée de
l'histoire de France sera-t-elle, au fond, neutre : on ne dira pas ici la « vérité historique », que nous serions bien
prétentieux de croire détenir et stupides de penser transmettre par la visite de quelques salles. Nous ne
montrerons pas la « vraie » Jeanne d'Arc : simplement, la vraie Jeanne d'Arc du XVIII
e
siècle (presque
transparente), la vraie Jeanne d'Arc de Michelet (incarnation du Peuple révolté), la vraie Jeanne d'Arc de Le Pen
(symbole de la « France éternelle »). Nous nous bornerons à indiquer laquelle de ces Jeanne d'Arc répond à des
critères religieux, laquelle à des critères sentimentaux, laquelle à des critères scientifiques, laquelle à des critères
politiques.

Nous ne rechercherons pas plus le compromis qu'un frileux consensus sur le plus petit dénominateur
commun (espérons que ce Musée, ses choix, ses options susciteront plutôt une saine polémique). Nous entendons
ce neutre comme une force ou comme ce fond de possibilité sur lequel s'enlèvent tous les jugements. De la
même manière, la laïcité n'est pas une position de neutralité (c'est-à-dire d'indifférence), mais de neutre,
garantissant avec passion la liberté de toutes les opinions. La présentation de plusieurs lectures possibles (qui est
en elle-même un choix affirmé) peut donner au visiteur la volonté de passer de l'opinion commune, à une
opinion personnelle sur son histoire.

Nous sommes conscients qu'il s'agit d'un parti pris ancré dans les conceptions d'une époque : nous ne
définirons pas ainsi un musée intemporel, car ce choix de présentation neutre n'est pas neutre lui-même. Un
musée de l'histoire de France se doit d'assumer son historicité, comme ce fut déjà le cas lors de sa création par le
marquis de Laborde.

D'autre part, on a pu objecter que la promotion des mythes de l'histoire de France incombait à la
Délégation aux célébrations nationales. Or notre propos n'est pas de célébrer, mais, d'une certaine manière, de
«dé-célébrer». Il s'agit justement de refuser la pratique anniversaire qui brouille la lecture en réclamant le
consensus, de mettre en cause l'évidence dont bénéficient (ou pâtissent) la plupart de ces mythes, de révéler leur
mortalité et leurs déclinaisons. La fête réclame un miroitement de surface quand nous voudrions explorer les
courants sous-jacents. Nous voudrions inviter le visiteur, comme l'Orphée de Cocteau, à traverser le miroir que

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