15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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chronologie déroulante, absolue et relative, l'ensemble des thèmes abordés dans la suite du parcours dans un
ordre non chronologique. Un simple numéro de salle apparaîtrait pour permettre de localiser le personnage ou
l'événement évoqué plus loin.
LES TROIS TEMPS : PHYSIQUE, EVENEMENTIEL ET LONG
Le contraste entre le déroulement mécanique et régulier de l'échelle graduée du temps et l'éclatement
soudain, plus aléatoire, des bouffées audio-visuelles traduirait la tension qui existe entre le temps considéré
comme phénomène physique, dont toutes les parties, normées, sont égales entre elles et le temps historique
dont le remplissage varie. Ainsi en est-il, comme on l'avait noté bien avant Proust, pour le temps biographique et
mémoriel.
Comme ce dernier, le temps historique connaît des moments de précipitation, où il s'emballe et
demande pour être saisi ou compté un affinement des subdivisions. L'abondance des sources pousse par exemple
à une datation au jour le jour pour la Révolution française, Brumaire ou Juillet 1830 ; c'est heure par heure que
l'on suit le débarquement des alliés.
Selon une méthode plus en accord avec la nouvelle histoire, le maillage se fait plus large, parce que le
filet doit saisir des blocs entiers de temporalité. On est alors dans le temps long, celui de l'évolution des climats,
de l'environnement, des mentalités, des habitudes alimentaires, des structures familiales et sociales, du progrès
technique. Les dates disparaissent alors au profit d'évocations récurrentes.
Pour faire sentir ces changements de régime dans l'écoulement du temps humanisé, on répartira
irrégulièrement le long de l'échelle les unités informatives qui elles-mêmes, selon la plus ou moins grande
ponctualité des faits représentés, occuperont une portion plus ou moins longue du parcours. Au contraire, quand
la chronologie événementielle se fait plus lâche, les informations seront espacées, sinon proportionnellement, du
moins symboliquement. Dans ces intervalles où les faits nous manquent, soit par défaut de source, soit parce que
la grille de lecture que nous appliquons à cette partie du passé ne révèle rien de signifiant, affleurerait seulement
le continuum du temps long représenté par des bandes passantes de différentes couleurs, ou des images
répétitives présentant des modifications quasi-imperceptibles (à la façon de la chronophotographie de Etienne-
Jules Marey).
L'histoire pour s'écrire a besoin de ce « désépaississement », de cette respiration, qu'elle procède par
détermination de moments forts et de moments faibles, hiérarchisation des plans, ou découpage dans un
continuum.
De cette échelle du temps, habitée par les échos divers du passé national, monterait un brouhaha
babélien, le vaste murmure des siècles : le passage de plusieurs visiteurs engagés simultanément dans le circuit
déclenchant ces interférences assourdies, ces collisions atmosphériques toujours renouvelées entre les différentes
strates de notre mémoire. Serait-il sacrilège, après cette image hugolienne, de parler de «train fantôme» de
l'histoire, où les images douloureuses ou plaisantes de notre passé reviendraient nous hanter ? La référence à la
fête foraine, avec sa connotation populaire, ne semble pas déshonorante. L'histoire n'appartient pas
exclusivement aux historiens : leur profession est d'en proposer de nouvelles versions, plus proches de notre
conception contemporaine (et évolutive) du vrai.
L'AIDE MEMOIRE CHRONOLOGIQUE
Dans les sections deux et trois, cet ample frise chronologique demandera à être rappelée pour resituer
les documents présentés dans leur contexte temporel. Nous proposons le dispositif suivant : dans chaque salle, un
écran présente la frise chronologique et son échelle graduée imaginées pour la première section, cette fois-ci en
images fixes et avec un casque audio. L'écran est calé sur la période ou la date précise en rapport avec la salle,
un bouton avant et un bouton arrière permettant de remonter vers le passé ou d'avancer dans le futur. Lorsque le
bouton est relâché, le défilement chronologique revient se positionner sur le moment évoqué dans la salle.
Un autre bouton haut/bas permettrait de susciter un autre déplacement, dans l'espace cette fois-ci, vers
les événements synchroniques, des pays voisins, de l'Europe et du Monde.
TERRITOIRES
L'hexagone, tel qu'on le connaît aujourd'hui, est le produit, tout comme dans la dimension temporelle
de son histoire, d'une maturation millénaire. L'appartenance à une nation comme la France ne se définit pas