15ème Congrès international des Archives
James-Sarazin
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Les évènements retenus pour scander le déroulement des siècles seraient quant à eux évoqués par des
«bouffées» d'images, de sons, de textes, comme des bulles «temporelles» venant crever à la surface de nos
consciences. Ces bouffées sensorielles ne se déclencheraient qu'au passage du visiteur, libre à celui-ci de
modifier le rythme d'écoulement du temps en restant immobile devant une évocation, ou en se remettant en
marche. Ce mode de déclenchement induirait chez le visiteur ou «chrononaute» le sentiment que le passé
n'existe pas en soi : c'est à nous, hommes du présent de le ramener à l'existence, et de lui donner un sens.
Les images :
Toujours contemporaines des faits illustrés : dessins, peintures, objets, photographies, mais aussi
cinéma, vidéo et Internet, de telle manière que les médias utilisés participent eux aussi à ce voyage dans le
temps.
Le son :
Le son serait utilisé selon le même principe de contemporanéité, même s'il s'agit la plupart du temps de
reconstitutions :
Musique : plain-chant médiéval, musique de cour (on préférera des musiciens aujourd'hui oubliés mais
plus datés que les grands génies dont le talent transcende les époques), premiers enregistrements de chansons...
Voix : enregistrements historiques de voix célèbres ou inconnues, « Radio Paris ment, Radio Paris est
allemand », extraits de reportages radio, lecture par des comédiens de textes d'historiens ou de documents
d'archives...
Bruits : vacarme des combats de la première guerre mondiale mêlé à la chanson « La Madelon »,
éventail si évocateur des bruits de fond : télévision ou souffle du vent (pour la retraite de Russie, accompagnant
les vers de Victor Hugo : «Il neigeait / L'âpre hiver fondait en avalanche / L'empereur revenait lentement /
laissant derrière lui brûler Moscou fumant»), grincement d'essieu de charrette ou sonnerie de portable...
Le texte :
Les informations données comme des flashes consisteraient en dates ou intervalles de dates, fragments
de chronologies de diverses époques et proposant des découpages différents, noms d'événements ou de
personnages, morceaux choisis de textes contemporains et surtout fac-similés de documents fondateurs ou à forte
charge symbolique conservés dans les archives françaises.
Autres éléments évocateurs :
Ne pourrait-on imaginer également que certaines couleurs symboliques dominent certains siècles ou
époques (un détail de la Vierge bleue de Fouquet pour le Moyen Age, le vert aristocratique pour le XVII
e
siècle,
les tons pastels et le jaune citron pour le XVIII
e
siècle, couleurs dominantes dans l'ameublement que nous
révèlent par exemple les inventaires après décès) ou encore certains tissus ou matières (le damas pour le XVII
e
siècle, l'indienne ou la toile de Jouy pour le XVIII
e
siècle, le velours pour le XIX
e
siècle) ?
On pourrait aussi diffuser des odeurs qu'on jugerait caractéristiques d'une ambiance ou d'une époque,
pour tenir compte des nouvelles approches de l'histoire des mentalités. Les modifications de climat (le grand
hiver de 1709) pourraient être rendues par le son (vent, pluie), mais aussi par des variations soudaines de
température.
CONCLUSION
Le choix des événements évoqués sera fait selon une subjectivité assumée : tous les faits ne peuvent être
retenus, sous peine de saturer le déroulement chronologique. N'est-ce pas justement en cela que consiste
l'histoire : sélection des unités factuelles selon des critères méthodologiques (événements ou trend économique,
batailles ou mutations sociales) ou de valeurs (le significatif opposé à l'anecdotique, l'extraordinaire et le banal
choisis tour à tour, le répétitif préféré au cas isolé) et enfin selon l'existence ou le manque de sources. De même
que l'histoire est inlassablement réécrite, ce choix sera évidemment modifiable régulièrement. Les événements
désignés et représentés par l'image et le son pourraient varier suivant les roulements de la présentation semi-
permanente alternée qui est envisagée pour les sections suivantes. Ainsi serait offert au visiteur, replacé dans une
